Comme vous le savez, le coronavirus a eu un impact économique important dans le secteur du tourisme. On parle généralement des grands groupes et de leurs pertes colossale, mais n'oublions pas pour autant les start-ups..

Souvent en concurrence indirecte avec les grandes entreprises, les start-ups ont un énorme risque à perdre du aux conséquences du covid-19. Plusieurs questions se posent telles que : Est-ce que l'Etat leur viendra en aide ? Pourront-ils bénéficier d'aides des banques ? Comment sortir de cette crise ? Des questions auxquelles les patrons de ces petites entreprises souhaitent avoir des réponses. A travers une interview accordée au magazine Tourmag, Emmanuel BOBIN, pdg de l'Open Tourisme Lab, revient sur ses craintes et ses attentes.

Extraits choisis.

TourMaG.com - Alors que l'industrie du tourisme a été pour une fois prise au sérieux par le gouvernement, lors de cette crise, il est un secteur qui a totalement disparu de l'actualité : celui des start-up. Comment appréhendez-vous cette crise ?

Emmanuel Bobin : Le mot start-up a totalement disparu des radars médiatiques, depuis maintenant deux mois. La start-up nation n'est plus. Dans le monde des médias, les start-up sont très peu présentes depuis deux mois. Je me demande si la dynamique sera toujours la même dans un an, aurons-nous autant de jeunes pousses à l'Open Tourisme Lab (OTL) lors de la prochaine session ? Puis rapidement, nous allons aussi devoir revoir les dispositifs, car une partie n'était pas adaptée au monde financier des start-up. Quand je vois que pour obtenir des aides de la BPI, il est nécessaire de présenter des bilans sur trois exercices ou de prouver que les fonds propres sont positifs pour accéder à des financements, ce n'est plus possible. Cela n'est pas en adéquation avec l'univers des start-up. La manne du financement public n'est pas extensible et encore moins aujourd'hui. Pour lancer une dynamique d'innovation, les effets de levier sont indispensables, sauf qu'avec le coronavirus, l'Etat est largement intervenu pour soutenir l'économie et aider les grandes entreprises.
Peut-être que dans 6 ou 12 mois, la crise que nous traversons aura des conséquences sur l'émergence de nouveaux projets.

TourMaG.com - Vous craignez, en quelque sorte, d'être les grands oubliés de la crise ?

Emmanuel Bobin : Oui, c'est ma crainte. Je suis quelqu'un de très positif, mais il ne faut pas relâcher l'effort et la pression. Nous voyons bien dans le secteur du tourisme que la transformation digitale n'a pas été au rendez-vous dans toute la chaîne de production.
Et si nous abandonnons tout ce qui a été construit lors des dernières années, nous risquons de prendre un retard considérable dans le tourisme ou ailleurs.

TourMaG.com - Et au niveau des aides extérieures, comment cela s'est-il passé ?

Emmanuel Bobin : Ce qui a été fait est remarquable, que ce soit au niveau des régions ou du gouvernement.
Sur les subventions, les processus n'ont jamais été aussi rapides que durant cette crise. Il y a une mobilisation publique très importante. Ces participations ont permis de générer des effets de levier à l'extérieur. Notre action a été de regarder ce que nous pouvions faire pour aller chercher de la trésorerie permettant à nos start-up de vivre pendant 10 à 12 mois, avant de pouvoir retrouver une traction commerciale.
L'effet de rebond ne serait observable qu'en 2021, pour cette année, tout le monde doit être en mode survie.

TourMaG.com - Malgré la soudaineté de la crise, une réactivité sur le changement de business model a-t-elle été obligatoire ?

Emmanuel Bobin : Il a été indispensable de s'adapter.
Je vais prendre quelques exemples, comme AJI Digital, un expert de l'affichage digital sur les bornes tactiles, il a dû passer au non tactile, sur la détection de mouvement. Wild Immersion a dû passer de visites avec des casques virtuels en groupe, à la suppression des casques, en passant par des plateformes de streaming.
De cette crise, nous avons axé les développements des solutions de nos start-up sur un travail sur la réduction des coûts de leurs clients ou alors des réponses à de nouvelles obligations légales, notamment sur la transition durable, et les solutions digitales pour digitaliser les services, afin de réduire le présentiel.

TourMaG.com - La nouvelle ère qui s'ouvre risque de débuter par une contestation du rôle des mastodontes du tourisme comme Airbnb ou Booking. Cela représente une nouvelle opportunité pour les start-up du tourisme. Qu'en pensez-vous ?

Emmanuel Bobin : En effet, nous regardons ces signaux d'une manière très attentive. L'open innovation fait partie de notre activité, avec notamment des grands groupes ou des acteurs territoriaux du tourisme. Lors de ces moments, nos start-up réfléchissent sur les difficultés actuelles et futures de nos partenaires économiques. Nous regardons attentivement les mouvements dans ces grandes OTA. Par exemple les entreprises du secteur nourrissent Booking et Expedia, qui eux-mêmes nourrissent Google, une entreprise qui ne se cache pas de vouloir aussi attaquer les activités de ces mêmes clients.
Nous faisons travailler nos start-up à la fois sur le monde de l'hébergement et sur les acteurs territoriaux pour qu'ils reprennent la main sur la distribution, la communication, etc.

TourMaG.com - Il serait peut-être indispensable de donner un cap à l'ensemble des territoires.

Emmanuel Bobin : Bien sûr. Pour nous, les plateformes des destinations ou régions ont deux vocations, d'un côté l'inspirationnel et de l'autre la mise en relation. Il faut que tout le monde se demande jusqu'où il doit aller dans ces deux axes. Généralement, beaucoup d'énergie a été mise sur l'annuaire, pour repérer les acteurs locaux, mais aussi sur l'engagement, pour attirer les internautes, ce qui entraînent un manque d'argent pour les contenus et donc le côté inspirationnel.
L'équilibre à trouver sera très important pour les mois à venir.

Retrouvez l'intégralité de l'interview sur : Tourmag